Pouvez-vous nous expliquer les raisons de soutenir ce secteur économique en particulier dans des pays partenaires ?
Le choix de la Suisse de soutenir le tourisme durable repose sur plusieurs considérations économiques et environnementales. Tout d’abord, le secteur touristique est un levier économique majeur dans de nombreux pays partenaires, dont le Maroc. Il contribue directement à la création d’emplois, à la génération de revenus pour les communautés et au renforcement des chaines de valeur locales. Cependant, le tourisme est également un secteur vulnérable face aux enjeux climatiques, environnementaux et sociaux. En promouvant le tourisme durable, la Suisse vise à conjuguer développement économique et préservation de l’environnement. Cette approche permet d’assurer une gestion responsable des ressources naturelles (ex. efficacité énergétique et utilisation des énergies renouvelables, minimisation des effets négatifs sur les ressources naturelles telles que la nature et le paysage, l’air, l’eau, le sol, etc.) tout en offrant des opportunités économiques aux communautés locales. Les régions montagneuses de la région de Béni Mellal-Khénifra au Maroc, riches en biodiversité mais souvent marginalisées, bénéficient ainsi d’un soutien ciblé pour transformer ces atouts naturels et culturels en moteurs de développement économique durable. Cette approche s’inscrit également dans les priorités globales de la Suisse en matière de lutte contre les inégalités et le renforcement de la résilience face aux changements climatiques.
Quels sont les autres grands chantiers en cours et à venir de la coopération entre la Suisse au Maroc ?
La coopération économique entre la Suisse et le Maroc s’articule autour de trois axes prioritaires ; la compétitivité, l’employabilité et la résilience face aux défis climatiques et économiques. Sur le plan de la compétitivité, la Suisse soutient des programmes visant à renforcer le tissu économique marocain, notamment à travers l’appui aux PME et le développement de chaines de valeur locales, comme dans le cas du programme GTEX dont l’objectif est de renforcer la compétitivité du secteur du textile et de l’habillement. Ces efforts, permettent de stimuler la productivité et de promouvoir le produit marocain sur les marchés internationaux. En matière d’employabilité, les initiatives de la coopération suisse œuvre à promouvoir l’intégration des jeunes et des femmes dans le marché du travail, en développant leur compétence et leurs qualifications, spécialement dans les secteurs à fort potentiel de croissance. Enfin, pour ce qui est de la résilience, la Suisse soutient les politiques publiques conduisant à une meilleure gestion des finances publiques et une amélioration de la gouvernance des entreprises publiques. Elle soutient également le financement et la gestion améliorée des risques de catastrophe afin de renforcer la résilience aux chocs climatiques.
Le Programme TDSM s’achève au 31 décembre 2024 après 5 ans d’activités pour renforcer le développement touristique des zones montagneuses dans les provinces d’Azilal et de Beni Mellal. Pouvez-vous déjà tirer des enseignements sur ce programme ? Quelles sont les perspectives d’avenir pour ce programme ?
Le programme Tourisme Durable Suisse-Maroc, mis en œuvre par la fondation Swisscontact dans les deux provinces de Béni Mellal et Azilal, a généré des résultats significatifs dans les zones ciblées. Le projet a permis la création de 16 circuits touristiques, l'aménagement de sentiers dans deux communes, la rénovation de 21 structures d'hébergement rural et le développement de nouvelles activités telles que l'équitation, le VTT, le rafting et l'escalade. Le projet a également été en appui à la création d'une Société de Développement Régional –(SDR) touristique, qui constitue un pilier important du développement et de la gestion des destinations touristiques de la région. Il a permis aussi d'attirer de nouveaux investissements, de développer les capacités des prestataires de sports de montagne. En termes de formation, un module pour les guides a été créé et intégré dans la formation des guides nationaux. Parmi les enseignements majeurs du projet, nous avons constaté qu’un développement touristique structuré et inclusif peut devenir un moteur de transformation économique locale. En collaborant étroitement avec les acteurs locaux, le programme a réussi à renforcer les compétences locales, à valoriser les ressources naturelles et culturelles, et améliorer l’attractivité des destinations ciblées, renforçant ainsi l’image d’une région compétitive sur le plan touristique.
Un autre enseignement clé du programme TDSM est l’importance de la concentration géographique des interventions. La phase II, dont le lancement est prévu dès 2025, continuera à être directement active dans la province d’Azilal et, à travers l’appui à la SDR Atlas, dans la région Béni Mellal Khénifra. Cette seconde phase aura pour but d’optimiser le retour sur les investissements réalisés, d’approfondir les transformations déjà amorcées et de consolider progressivement les succès. A terme, ce partenariat stratégique aspire à générer des retombées économiques durables, créer plus d’opportunités d’emploi local qualifié et stimuler un tourisme de qualité au Maroc, aligné sur les standards internationaux de durabilité.